Le Mandement du Thy

Le mandement du Thy, enclave épiscopale au cœur des terres faucignerandes, a joué un rôle stratégique et administratif majeur du Moyen Age jusqu'à la Révolution. Aujourd'hui en ruines, son château témoigne encore de son importance passée, malgré les altérations du temps et de la végétation.
Présentation historique du Mandement
Dès le XIᵉ siècle, le site du Thy appartient aux évêques de Genève, sous la protection des sires de Faucigny. Cette enclave de l’évêché au sein des terres faucignerandes prend de l’importance au cours de la première moitié du XIIIᵉ siècle, notamment sous l’épiscopat d’Aymon de Grandson (1215-1260). C’est à cette époque que le château de Thy est mentionné pour la première fois sous le nom de castrum.
En 1276, une mention du terme domum laisse supposer qu’il s’agissait davantage d’une maison fortifiée que d’un château au sens traditionnel. En 1291, le site est pris par le dauphin Humbert Ier, en conflit avec l’évêque de Genève. Sa position stratégique, en tant que passage obligé dans la vallée, lui confère un rôle administratif et politique majeur : résidence du prince-évêque, lieu d’actes notariés et centre du pouvoir épiscopal local.
À partir du XIIIᵉ siècle, l’administration du site est confiée à un vidomne, officier exerçant les pouvoirs temporels au nom de l’évêque. Au début du XIVᵉ siècle, le château est mentionné sous l’appellation domum episcopalem de Tez, soulignant son appartenance à l’évêché. Il sert alors de refuge face aux menaces du comte de Savoie. En 1340, le site devient une châtellenie, et en 1342, des franchises sont attestées dans le mandement. À l’issue de la guerre delphino-savoyarde en 1355, la garde du château et du mandement est assurée par les comtes de Savoie, jusqu’à ce qu’en 1358, Amédée VI de Savoie cède ses droits à l’évêque et renonce à son rôle de gardien.
Au cours de la seconde moitié du XVᵉ siècle, d’importants travaux d’entretien sont entrepris. Cependant, le XVIᵉ siècle est marqué par les guerres de religion : en 1539, la maison forte, alors en ruines, est restaurée en 1589, mais elle subit les assauts des protestants bernois lors de la bataille de Peillonnex, le 25 juillet 1589.
En 1635, un inventaire des biens épiscopaux décrit le site comme une masure en ruine. Le mandement demeure une possession épiscopale jusqu’à la Révolution. Après l’affranchissement, il devient le mandement de Viuz-en-Sallaz. Par la suite, le site est utilisé comme carrière par les habitants des environs, accélérant sa dégradation.
Les vestiges du site
Les ruines du château de Thy sont implantées sur une motte, témoignant d’une occupation ancienne et d’un aménagement défensif caractéristique de l’époque médiévale. Bien que les élévations subsistantes soient de faible hauteur, elles conservent une valeur historique et architecturale significative. Une grande partie des structures demeure aujourd’hui recouverte, un choix motivé notamment par la nécessité de protéger les enduits mis au jour lors des fouilles de 1999.
L’ensemble du site est fortement envahi par la végétation, malgré un défrichement récent. Plusieurs arbres ont pris racine directement dans les ruines, exerçant une pression mécanique sur les maçonneries et contribuant à leur dégradation progressive. Par ailleurs, la faible hauteur des vestiges facilite la circulation des visiteurs sur les arases, entraînant une érosion accélérée et des chutes de pierres, menaçant ainsi la préservation du site.